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Lieu : Paris, 75, France

21.10.06

Déclin d'une civilisation

Vienne, début du siècle. Vienne qui rayonne. La capitale second berceau des arts et des sciences. Dans les années 20 c'est le cercle de Vienne avec des scientifiques de pointe et un nouveau positivisme philospohique. Des penseurs-astéroïdes embrasent les esprits. Freud, Einstein. C'est aussi dans ces temps-là qu'émergent des peintres avant-gardistes de renommée mondiale: Schiele, Klimt, Kokoschka. Sans compter les musiciens inspitrés, comme Mahler. Et surtout, ce qui nous intéresse, une nouvelle conception de la littérature. Deux écrivains majeurs, Hoffmannstahl et Schnitzler. Deux écrivains qui remettent en cause la notion de "moi" et dont le thème principal sera alors la quête de l'identité. Une nouvelle conception du roman. Toute cette fécondité empreinte de résonances mythiques de la dynastie des Habsburg. Le tableau est parfait.

Un jour pourtant, le ciel se recouvre. Un petit astre, blanc, que l'on avait pris pour une étoile, point du museau. Ce petit astre prend de l'ampleur et commence par recouvrir Vienne, puis l'Autriche toute entière. Curieux, le champ d'ombre ne s'étend qu'aux frontières du pays. Ce qui n'était qu'un petit point grossit encore et se rapproche à une vitesse folle. Les manchettes titrent La fin de l'Autriche. Ce ne sont plus que les mêmes mots qui reviennent dans les conversations du petit peuple, et la même peur. Les scientifiques positivistes ont beau étayer leurs raisonnements, rien ne stoppe l'Objet. Les poètes ont beau déclamer leurs plus beaux vers, l'astre grossissant ne veut rien entendre. Insensible, il finit par accomplir ce à quoi il était prédestiné. L'Autriche fut. Quelques secondes avant de sombrer, les Viennois auront eu le temps de voir que cet astre était fait d'une matière qu'ils ne connaissient pas encore et qui ferait rage dans le futur, le plastique. Qu'il s'agissait d'une petite sphère, d'une petite balle même, mais dont l'impacte a été si puissante qu'il était impossible qu'un seul édifice ne survive.

Petite histoire amusante. J'avais trois heures hebdomadaires de civilisation autrichienne, qui devaient me permettre de valider 5 crédits. Deux de littérature et une d'histoire. Croulant sous le travail, cela n'a posé aucun problème de les remplacer par deux heures de ping-pong qui me permettront de valider le même nombre de points. Attention, ne riez pas! Il y aura aussi une épreuve théorique de trois heures (sur quoi, j'en sais rien!) en plus de la pratique.

La fac, c'est aussi ça.

11.10.06

Les goutelettes de la fac

Les premiers jours à la fac sont suprenants. Je m'y glisse sur la pointe des pieds. Ca dérape perte d'équilibre. Et l'envie de détaler aller jouer du violon en prépa revoir ceux que l'ont vient de quitter en prépa Non c'est trop grand pour moi j'étouffe je veux ma prépa. Evidemment un concentré de préjugés qui gicle de tous les pores. La pulpe fraîche de deux années Vous êtes les Rois Vous êtes plus forts Evitez la fac Pas tout de suite. Bonjour les pépins.

Sur la pointe des pieds avec un peu d'orgueil mais pas trop. Fier comme un coq le premier jour. Je me répète ces étranges litanies Moi j'ai vraiment bossé dur pendant deux ans et pas vous. Raisonnement puéril. Moi j'ai eu une formation pluri-disciplinaire et toc. J'ai tenté N.O.R.M.A.L.E. Et puis. Et puis on s'efface. Parce qu'en allemand, ils parlent certainement mieux que moi. Et qu'ils ont vu plein d'autres choses. Qu'ils ont approfondies. Quand nous nous survolions joyeusement dans notre aéroplane altier. Idem en philo. Je crois que c'eut été une bêtise de cuber, et de ne pas faire exploser cette bulle opaque qui ne me renvoyait que son reflet idéalisé. La bulle teintée par tous ces mots par ces phrases qui se sont glissées insidieusement. C'était le mauvais côté.

Puis les narines se débouchent. A quoi bon s'asphyxier. Le vent frais et nouveau passe enfin. L'air estudiantin qui chatouille les ailettes. Des petites plumes qui poussent je les regarde amusé. Icare Octobre 06. Dans les couloirs personne ne me reconnaît. Ma présence mon absence personne ne me le reproche. Un système nouveau gigantesque comme un grand livre. Je découvre les séniors. Pendant dix septs ans mes condisciples avaient le même âge que moi. Et là des petits vieux de soixante ans à côté de moi qui passent leur licence. Cocasse. Tès instructif.

Fini la rubalise étouffante. Et si ça ne me plaît pas rien ne m'empêche de travailleur seul, chez moi. Les profs conseillent leurs livres. Universitaire.

Travailler. Préparer deux licences, c'est une belle épine. Mes pieds gémissent. Non seulement je passe un temps fou à essayer de conjuguer les deux nouveaux emplois du temps car les cours ne sont pas du tout aménagés -quels cours je vais zapper etc- mais surtout fournir tout le travail requis pour les partielles. Une montagne vraiment ardue. Carrément plus de choses à faire qu'en prépa ou presque. Philo politique, médiévale, indienne, métaphysique. Linguistique, vocabulaire, allemand du moyen-âge, littérature, histoire, civilisation autrichienne. Presque une vingtaine de profs, une vingtaine d'épreuves. Mes pieds qui piquent. Ah, une heure de latin aussi.

Et je ne me plains pas. Toutes ces petites goutelettes ne demandent qu'à êtres absorbées. Quand bien même il faudrait tirer la langue un peu fort pour se les approprier.