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Lieu : Paris, 75, France

11.10.06

Les goutelettes de la fac

Les premiers jours à la fac sont suprenants. Je m'y glisse sur la pointe des pieds. Ca dérape perte d'équilibre. Et l'envie de détaler aller jouer du violon en prépa revoir ceux que l'ont vient de quitter en prépa Non c'est trop grand pour moi j'étouffe je veux ma prépa. Evidemment un concentré de préjugés qui gicle de tous les pores. La pulpe fraîche de deux années Vous êtes les Rois Vous êtes plus forts Evitez la fac Pas tout de suite. Bonjour les pépins.

Sur la pointe des pieds avec un peu d'orgueil mais pas trop. Fier comme un coq le premier jour. Je me répète ces étranges litanies Moi j'ai vraiment bossé dur pendant deux ans et pas vous. Raisonnement puéril. Moi j'ai eu une formation pluri-disciplinaire et toc. J'ai tenté N.O.R.M.A.L.E. Et puis. Et puis on s'efface. Parce qu'en allemand, ils parlent certainement mieux que moi. Et qu'ils ont vu plein d'autres choses. Qu'ils ont approfondies. Quand nous nous survolions joyeusement dans notre aéroplane altier. Idem en philo. Je crois que c'eut été une bêtise de cuber, et de ne pas faire exploser cette bulle opaque qui ne me renvoyait que son reflet idéalisé. La bulle teintée par tous ces mots par ces phrases qui se sont glissées insidieusement. C'était le mauvais côté.

Puis les narines se débouchent. A quoi bon s'asphyxier. Le vent frais et nouveau passe enfin. L'air estudiantin qui chatouille les ailettes. Des petites plumes qui poussent je les regarde amusé. Icare Octobre 06. Dans les couloirs personne ne me reconnaît. Ma présence mon absence personne ne me le reproche. Un système nouveau gigantesque comme un grand livre. Je découvre les séniors. Pendant dix septs ans mes condisciples avaient le même âge que moi. Et là des petits vieux de soixante ans à côté de moi qui passent leur licence. Cocasse. Tès instructif.

Fini la rubalise étouffante. Et si ça ne me plaît pas rien ne m'empêche de travailleur seul, chez moi. Les profs conseillent leurs livres. Universitaire.

Travailler. Préparer deux licences, c'est une belle épine. Mes pieds gémissent. Non seulement je passe un temps fou à essayer de conjuguer les deux nouveaux emplois du temps car les cours ne sont pas du tout aménagés -quels cours je vais zapper etc- mais surtout fournir tout le travail requis pour les partielles. Une montagne vraiment ardue. Carrément plus de choses à faire qu'en prépa ou presque. Philo politique, médiévale, indienne, métaphysique. Linguistique, vocabulaire, allemand du moyen-âge, littérature, histoire, civilisation autrichienne. Presque une vingtaine de profs, une vingtaine d'épreuves. Mes pieds qui piquent. Ah, une heure de latin aussi.

Et je ne me plains pas. Toutes ces petites goutelettes ne demandent qu'à êtres absorbées. Quand bien même il faudrait tirer la langue un peu fort pour se les approprier.

9 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bon courage pour cette double license!
Allez, tu vas y arriver.

11:49 AM  
Anonymous Anonyme said...

je suis en 3ème année de lettres modernes, et nous avons tendu la main aux prépas, qui se tenaient au début, orgueilleusement entre eux, car nous, nous nous étions certainement amusés pendant qu'ils travaillaient, puis petit à petit, l'une d'entre elles (il n'y a qu'un ancien prépa garçon)a bien voulu nous parler, et nus a confié qu'elle était un peu perdue.ton texte me fait un peu penser à elle.on tente de vous "dévergonder" un peu, de vous ouvrir toutes les portes sans calculs, sans rien attendre, et on vous aide même.et ça étonne un peu quand même.bah oui préjugés dans un sens ou un autre on est tous des être humains, et les étudiants sont pas forcément jaloux.courage pour ta licence!j'espère que mon ami va se reprendre, car là il est entièrement dans la perspective je ne fais plus que bosser, et du coup je suis un peu perdue...allez un peu de nerfs et bonne année!

4:21 PM  
Anonymous Anonyme said...

je disais ça car mon ami est en prépa ;)

4:22 PM  
Blogger Pierre said...

Ton témoignage est assez surprenant. Je n'ai pas rencontré de mains tendues. L'anonymat en fait. Par contre ce qui m'a fait rire, c'est un midi dans un café, on est deux ex-khâgneux et à la table d'à côté deux germanistes de notre groupe. Ils étaient hyper curieux de savoir comment ça marchait car ils n'y connaissaient rien du tout. Khâgne ensuite hypokhâgne? Non c'est l'inverse bonhomme. Enfin c'était amusant, et ça donne l'impression un peu conne d'avoir été enfermé.
**

Merci Vanessa ;)

8:36 PM  
Anonymous Anonyme said...

Il est toujours difficile de quitter ce qu'on a vécu, et qui plus est ce qu'on a vécu intensément.

Mais je ne crois pas qu'il y ait une frontière infranchissable entre prépa et fac. Le contexte n'est pas le même, peut-être, mais l'essentiel est toujours là. Et le plaisir aussi !

J'espère donc que la douleur de ces petites épines se métamorphosera bien vite en une joie non dissimulée !

Et on se délecte souvent d'aller en fac pour enfin approfondir ce que l'on aime..mais in fine, on est toujours aussi débordé, et on a toujours autant l'impression de ne pas s'immerger assez longtemps dans ce qui mérite de l'être !

Enfin, vive les bi-licences ! (c'est mon destin aussi, bien qu'il soit moins périlleux: les horaires de la licence philo/lettres sont aménagés....

Et que je suis admirative, devant ce fantastique coup de théâtre (une telle dramatisation ! rien à voir avec l'immobilisation terrassante d'Albertine disparue !).

Pour changer de sujet, je suis étonnée, non pas que tu aies migré en classique, mais la raison pour laquelle tu as fait ce choix: le programme ne te plaisait pas, disais-tu; et bien, je t'assure qu'il est délicieux:

- Proust est un joyau,

- les Etats Unis sont croustillants,

- et le Monde (je suis optante philo) est une notion miraculeuse (bien que les méandres leibniziens m'ennuient quelque peu !)

8:46 PM  
Blogger Pierre said...

Ce coup de théâtre était en fait une demande pressante des mes amis cubes qui, pour compenser avec les feuilles d'automne de Proust, voulaient coûte que coûte un éclat dramatique à leurs côtés. Non, c'est pas vrai bien sûr. J'avais des vraies raisons.

Par contre, pour la classique, ce n'est pas uniquement le programme qui m'avait fait faire ce choix. Certes ça jouait un peu, surtout en littérature, mais c'était surtout pour reprendre le latin (je m'étais surpris à presque verser une larme nostalgique un soir en regardant la version latine de ma soeur et ces mots lourds de valeur voltiger sans que je ne puisse plus les étudier) et avoir une vue plus générale sur la littérature et la philosophie. Je me disais surtout que je ne voulais pas sortir de prépa sans avoir ouvert des ouvrages de critique: Sartre, Gracq, Genette, Deleuze...me disant qu'ils me révêleraient de choses fabuleuses. Résultat je suis parti sans toujours les connaître.

Et si tu dis que le Monde est une notion miraculeuse, je te crois entièrement. Je me mords un peu les doigts aussi.

12:50 AM  
Anonymous Anonyme said...

Je ne comprends pas en quoi une khâgne moderne t'empêcherait de lire les critiques...on ne fait que ca, en lettres ! (je suis d'ailleurs en plein dans Proust et les signes, de ce cher Deleuze..et je viens de terminer Métonymie chez Proust, de Genette.

Et toute l'hypokhâgne fut une année d'immersion au sein de l'univers critique à coups de:
- Genette (Figure I,II,III, Palimpsestes)
- Sartre (qu'est ce que la littérature, l'idiot de la famille),
- Rigolot (le poétique et l'analogique),
- Todorov (théorie de la littérature, littérature et signification, poétique de la prose, théorie du symbole, la notion de littérature),
- Kristeva (La révolution du langage poétique),
- Raymond, Barthes (Ecrivains et écrivants
Et autres délices !

J'ai donc du mal à concevoir comment on peut sortir de prépa sans avoir lu un ouvrage de critique ! Que faisiez-vous, en lettres, si vous ne lisiez pas ces auteurs ?!

Et Deleuze est merveilleux, soit - mais j'ai un petit faible pour Todorov, clair et concis, simple mais profond !

Belle année à toi, en tout cas, et que ton exil à la fac ne t'empêche pas de te plonger dans ces oeuvres, elle sont magnifiques (et je crois pas qu'il faille délimiter critique et littérature; ces ouvrages sont de la haute littérature, bien que non fictifs; la jouissance, les lisant, n'est pas seulement intellectuelle, mais aussi et surtout littéraire; d'ailleurs, sartre est beaucoup plus littéraire quand il écrit des méditations que quand il écrit des romans...ce corps à corps avec la langue pour lui faire dire ce qu'on veut dire au plus juste...ce combat avec le langage, afin de le plier à quelque chose pour quoi il n'a pas été fait..un critique se bat autant contre les idées que contre les mots, et cet effort pour aboutir à la présence pure et effective de la pensée, ce travail au corps à corps avec la langue pour lui faire dire un indicible..est tout à fait exquis ! ce n'est pas de la science, ce sont de véritables monuments littéraires !)

1:11 PM  
Anonymous Anonyme said...

Petit Pierro.
Je suis étonnée d'apprendre que tu as arreté la prépa pour venir dans le systeme tres particulier de la fac. Mais en tt cas je me fais pas de bile pour toi prépa ou fac tu t'en sortiras tres bien..
en tt cas je te souhaite bonne chance.
j'en profite pour te faire un ptit coucou en souvenir d'une jolie rencontre sur la "perle de l'Atlantique".

7:23 PM  
Blogger Pierre said...

Et bien figure toi que si, c'est possible. En hypokhâgne notre prof nous faisait commenter des extraits de textes inlassablement (on a réussi à en faire une centaine dans l'année) sans jamais exiger de nous quelque lecture parallèle, si ce n'est les Lagarde & Michard avec lesquels j'ai maintenant des rapports très intimes ;) Et en khâgne, les livres au programme n'exigeaient pas la lecture de livres généraux, mais seulement des articles que le prof nous mettait généreusement au CDI. Ca j'en ai bouffé. Mais les classiques de la critique sont pour moi des grands mystères. Tout au plus j'ai bavé dessus chez Gibert en me disant Ce serait bien que.

Ton engouement pour les oeuvres critico-littéraires (nommons-les comme il se doit!) est très stimulant. La manière dont tu décris ce combat avec les mots (on les aura!) ne donne que trop l'envie de s'y plonger et de méditer dessus. C'est un joli témoignage que tu nous as offert. Thanks.

**

Mes salutations à Chloé, dont j'honore aussi le souvenir atlantique.

9:12 PM  

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