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Lieu : Paris, 75, France

1.2.07

Séjour gastronomique en Auvergne

Un mois de Je travaille et je m'en fous du reste. Quelques cartouches d'encre et une trentaine de léchages baveux anonymisant de copies plus tard me voici ouf libéré. Il faut faire quelque chose maintenant. Partir. Se faire croire que pour quinze jours la France le monde sont à moi ma carte 12/25 sera mon passeport sacré. L'Espagne ça n 'a pas marché. Stage de parapente annulé. Je creuse. Merde c'est affreux la léthargie. Et pourquoi pas Clermont-Ferrand le festival du Court-métrage me conseille-t-on. Diantre. Je poirotte vingt-quatre heures je tiens pas en place et enfin je reçois l'appel que j'attendais. Oui je peux vous loger Monsieur pour vingt euros la nuit même si vous êtes deux.

Nous sommes deux. Rencontre par hasard au super U ça faisait longtemps. La prépa tu comprends. Eh ça te dirait d'aller à Clermont au festival? En plus c'est nickel pour tes études de ciné. Les rencontres inattendues du supermarché à la caisse. Et nous voilà sur l'embranchement de l'autoroute A6 à faire du stop. Nos doigts de pieds gèlent et les conducteurs font des grimaces. A voir leurs yeux tout ronds le stop n'est plus une pratique courante. Après cinq heures de zèle nous désesperons. Nous n'avons fait que trente kilomètres. Notre plus belle rencontre : s'être fait ramasser par les policiers car nous avions été "signalés". On repart à zéro. Vive le train et la carte 12/25. Nous arrivons nous n'y croyions plus le dimanche soir. A pic pour une première séance. C'est du festival que je vais parler.

C'est un festival du ventre. On mange on incurgite sans digérer des petits fours servis sur un plateau. Du cinéma bouffe. A l'entrée dimanche soir Le menu, bien garni bien épais. Pas moins de 1200 court-métrages étalés sur une semaine. Cinq bâtiments. De 10h à 23h en continu. Nous achetons nos tickets. 1,83€ la séance, à peu près cinq six petits films par séance. Le festin commence.

Des petits fours. Nous bavons devant le catalogue alléchant. Design sexy. Une photo du film et un bref synopsis. Puis à nous de programmer nos séances. Cuisine à toutes les sauces. Française, internationale (notre préférée), belge, africaine. Et quelques hors-d'oeuvres: films "labo", films "école" etc. Beaucoup beaucoup de films d'animation. C'est vraiment à la mode. On mélange aussi sucré/salé: fiction, documentaire, fiction expérimentale.

Surtout. C'est l'occasion rêvée de découvrir le Mesdames et Monsieur court-métrage. Au début un genre un peu bâtard, entre la nouvelle écrite et le long-métrage, et ça dure un peu plus longtemps qu'une publicité. Je ne cerne pas vraiment. Puis petit à petit à force de manger j'entrevois des aspects inattendus. Le film court est une genre en lui-même quasi-codifié.

Tout tient à cela : le défi. Raconter une histoire en un laps de temps très court en moyenne de dix à trente minutes. Ca devrait tout changer. Tout change effectivement. D'après mon échantillon représentatif -j'en ai vu à peu près trente quarante- j'en tire le constat suivant: l'histoire n'est jamais vraiment racontée. Elle est dessinée. Presque esquissée comme sur du papier calque.
Le début: irruption dans un univers qui semble avoir commencé largement avant le court-métrage lui-même. Les personnages ne nous ont pas attendus nous spectacteurs pour entamer leur rôle. On arrive en cours de route. Ils étaient là avant. Le dénouement a aussi sa particularité propre. On reste toujours sur sa faim. A la différence de la plupart des films longs la fin ici est toujours une relance. Ca ne finit jamais vraiment. Nous terminons courbés sur notre fauteuil en forme de point d'interrogation ou décomposés en points de suspension. Parfois irrités quand c'était vraiment bien. C'est très frappant. Jamais ce gargouillis de ventre de satisfaction ressenti habituellement à la fin d'un long-métrage.
Paradoxalement dans le court-métrage on ne se presse pas. Puisque l'action est esquissée et que le spectacteur l'accepte tacitement, on peut prendre tout son temps. Vraiment très très peu de dialogues. On laisse parler les images c'est quand même plus éloquent. Des séquences sur la même action peuvent être très très longues. Y'a vraiment pas l'feu. Comme en auto-stop finalement, on ne court pas pour aller attrapper son train. Les plans aussi, de manière générale, durent plus longtemps. Je me souviens d'un film argentin assez long composé de quatre cinq plans différents. Et ça détonne.

Frappé par l'étendue des sujets traités. Y'en a vraiment pas un, même au sein des français, qui ressemble à l'autre. On trouve aussi beaucoup de sujets complètement ahurissants venus de Mars. Dans le court-métrage on parle vraiment de ce qu'on veut. Tout est permis. A titre d'exemple un film anglais je crois nommé The Phobies. Quatre patients dans un cabinet plus une secrétaire. Sans explication ni rien des cheveux qui attaquent, une lumière déchirante, bref illustration succesive de cinq phobies différentes. Et c'est fini. Ou encore ce film coréen où une mère trucide toute sa famille en apprenant qu'une bombe atomique va faire exploser tout le pays, pour finalement tomber comme un javelot dans son jardin et transpercer son fils.

Une bonne partie m'ont foutu mal à l'aise. C'est aussi le but.

Dans ce festival y'a aussi l'ambiance. Des rituels sains. Le double applaudissement à la fin de chaque film. Le jury dans la salle au septième rang. Quelques réalisateurs présents dans la salle ça-et-là que l'on salue dans le micro au début de la séance. Beaucoup de djeun's férus qui jouent au tarot dans les escaliers. Ambiance vraiment décontractée. Un festival sans couleurs politiques. Et tout autour la ville enneigée on respire.

J'en suis parti en ramenant un petit quelque chose. Il m'arrive pendant quelques secondes d'avoir des flash "séquence court-métrage". Quelques évènements tout bêtes qui se déroulent sous mes yeux. Et je me dis. Ca alors! Ce que je viens de voir (de sentir)! C'est pile-poil ce qu'il aurait fallu si je voulais faire un court-métrage! Une sorte de symptôme de la caméra enfouie dans la tête.

6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

:) Contente que tu en profites!
J'ai grandit a Clermont-Ferrand et la-bas le Festival est une vrai institution. Les eleves (lyceens et etudiants) ont des mots d'excuses pour aller voir les films, la ville est en pleine effervessance.
J'adorais cette periode!
Je te conseil un lieu: Le Rio, c'est dans Clermont Nord pres du lycee Ambroise Brugiere. Ils ont generalement une excellente selection de films et font partie des salles selectionnees pour le Festival.
Cher Festivalier amuses toi bien :D

11:50 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ahhh... enfin un nouveau post !!!
je commençais vraiment à m'impatienter :oD

Et... trop marrant ton histoire d'auto-stop, g t mort de rire !!

4:06 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ce qu'il y a de bien dans ce festival, c'est que, contrairement aux longs métrages, il n'y a pas de contrat tacite entre le spectateurs et ceux qui ont crée le film: ceux qui participent à ce festival ne peuvent et ne doivent s'attendre à rien de spécial lorsqu'ils déident d'aller à une séance. Il s'agit d'une expérience profonde et en ce sens que le spectateur ne peut pas rester passif: un peu comme au théâtre, il fait partie du spectacle.

6:46 PM  
Blogger Pierre said...

Merci Vanessa! Dommage, j'ai reçu l'info un peu tard et je n'ai pas eu la chance de découvrir le Rio.

anonyme, je ne comprends pas bien ce que tu veux dire. pourquoi sommes nous plus actifs que dans pour un long-métrage? qu'appelles-tu faire partie du spectacle?

5:06 PM  
Anonymous Anonyme said...

Pas grave, ce sera pour l'annee prochaine :)

Ciao

4:48 PM  
Anonymous Anonyme said...

Contente d'avoir de tes nouvelles...

9:39 AM  

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