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Lieu : Paris, 75, France

19.11.06

Je ne serai pas prof à la fac

Plus j'y pense, plus je me dis que le métier m'irait comme une moufle. A moins d'être très très détaché. Pas un bonjour, ni d'au revoir. Première chose on ne connaît pas ses élèves. Jeune homme s'il vous plaît pouvez-vous me dire etc. Mademoiselle s'il vous plaît. Elèves vagues entités. Rares questions posées par les élèves. En amphi (surtout en allemand): discussions, rires effrontés, baillements. Des élèves qui sortent en courant pour aller aux toilettes ou répondre à un coup de fil important. En TD: aucune volonté de répondre aux questions posées. Je vais vous donner un peu de travail à faire pour la semaine prochaine. La semaine d'après: qui peut répondre à la question? Flop intersidéral. Regard presque implorant du professeur. Guerre de lassitude pour distribuer les exposés. De manière plus générale: enseigner toujours le même fragment d'une discipline plus vaste, inlassablement au fil des ans, une fois par semaine à des étudiants un peu mous. Prolonger l'enseignement dans la recherche, ne plus sortir de son champ d'action. Et, essayer d'intéresser non pas des élèves particuliers que l'on connaît un peu, mais un auditoire, un auditoire x, ce qui change tout. Être professeur au collège, au lycée, voire en prépa (y a quand même un obstacle de taille : l'agreg) correspondrait bien plus à ce que je recherche.

Par contre en tant qu'étudiant la fac ça me va très bien. Un an en licence tout frais tout nouveau, ce ne sont pas vingt-ans de feuilles d'automne de l'autre côté du bureau.

10 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je pense que ta vision de ce qui se passe de l'autre coté du bureau n'est pas tout à fait exacte.
Bien sûr, il y aura toujours des profs mous, peu motivés, peu intéressants et qui se traînent, en enseignement comme en recherche...
Mais tu auras des personnes passionnées par le matière, qui s'éclatent dans la recherche, et qui transmettent avec passion leur savoir, même si l'auditoire est vaste et peu attentifs.
Et je parle en connaissance de cause, puisque je suis à cheval sur les deux cotés du bureau (les joies du doctorat), et que j'ai rencontré de multiples spécimens des deux catégories...

PS: Content de lire un nouveau post, ça faisait un moment. :)

12:35 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ravie de constater que le choc thermique ne t'a pas détruit (c'est quand même un sacré changement d'air, la fac !).

Quant à ce que tu dis des profs, je ne puis évidemment pas en dire un seul mot (mais ce ne saurait tarder !), mais je suis un peu étonnée de tes impressions; je veux dire, je comprends qu'en première ou seconde année les profs soient ainsi (l'auditoire n'est franchement pas délectable), mais plus les années passent, et plus je pense (j'espère, du moins !) qu'un contact se créé entre étudiants/profs. Moins nombreux, plus intéressés, plus enthousiastes, et donc profs plus heureux d'être là à dire des choses qui ne s'envolent pas dans le vide intersidéral...L'année de licence, c'est peut être celle qui est encore à mi chemin, un peu contaminée par le désinteressement de ceux qui ne vont pas tarder à s'en aller, et un peu habitée par ceux qui sont là parce qu'ils sont heureux d'y être...

Mais j'ai un peur de la fac, pour ma part; cet anonymat flagrant, cette masse sans nom...cela change de ma petite classe de khâgne de 20 fous (et en option, nous sommes 4 !).

Mais que ne donnerais-je pour arpenter les rues parisiennes ! (mon enthousiasme est très spatialisé !). Je compte les jours avant de m'en aller dans ces contrées lointaines (24 jours, à compter d'aujourd'hui ! magnifique !), et je compte aussi les jours avant d'y vivre pour de bon ! (tout passe si vite ! la khâgne, ce sont ces semaines qui défilent sans même qu'on ne les voie qui s'enchaînent...).

Mais bref ! Je retourne à ma philo, et puis un belle fin de mois de novembre à toi !

3:35 PM  
Anonymous Anonyme said...

Et la vie sexuelle à la fac ?

1:29 PM  
Blogger Pierre said...

@Dimitri: c'est vrai que mon titre et le contenu de ce billet est un peu naze, un peu simplet. Je voulais simplement faire remarquer, de manière détournée, que l'auditoire surtout et le mode d'enseignement ont changés. Les profs, eux, pas tellement. Ils ont la même formation, sont aussi compétents, si ce n'est plus. Parfois c'est la cata. Comme partout. Simplement j'ai réalisé que ça ne me plairait pas du tout d'enseigner dans ces conditions. Je ne doute pas que certains enseignement avec passion. Heureusement.

J'écris rarement par chute chronique de motivation et par manque de moyens matériels: mon mac redoutable ne lit pas le Java. Je ne peux pas poster.

@Clotilde: J'ai aussi une appréhension assez récente de la foule. Mais en double-cursus il m'est donné de pouvoir goûter de tout. La philo c'est à la Sorbonne. C'est glauque. Je détale dès que je peux. Je me sens vide, et ce qui m'entoure aussi. Autour c'est le quartier Latin. Fourmillère qui me rebute. Quartier fausssement branché, avec ses échoppes de fringues et ses stands à bouffe partout, confluent d'étudiants pressé aux sandwichs grecs et d'anonymes au pas pressé, la fontaine Saint-Michel surplombée de ces deux temples, les deux Gibert, les temples agités de la culture Mach 3.
Par contre l'allemand est à Malesherbes, dans le nord est. Je change de continent. Je pars pour les pays froids. Plein d'Erasmés d'Europe de l'Est ou des pays Nordiques. C'est vrai qu'il fait plus frais. Mais il vient gommer ce vide, et l'on y respire. Le quartier tout autour n'a pas grand attrait pour un touriste. Mais son non-sens fait son charme. Tout le monde n'est pas de cet avis.

Tu auras tout le loisir de voir cela dans quelques mois.

@l'anonyme horriblement indiscret: la Sorbonne n'est pas un lieu idéal pour les relations sexuelles (entendons-nous, en tant que lieu de rencontre). Selon des sources sûres, même l'ENS (Lyon) est un meilleur plan. En troisième année de licence, les clans sont déjà faits, du moins des apparences de groupes, et il me semble relever du miracle de pouvoir se greffer à l'une de ces molécules indissolubles. Rien à voir avec les récits épiques des écoles de commerce et des fameux week-end d'inté. Non, ce n'est pas à la Sorbonne que les danseuses de "L'île de la Tentation" (je tairai le nom de l'école qui a osé) viendront en soirée faire baver les étudiants célibataires, affichant leur célibat par un tee-shirt violet.

En école les lapins sont compressés dans une cage, un lapin mâle ne peut manquer de croiser une lapine goûteuse. A la fac les lapins jouent à cache-cache dans la jungle et tombent rarement dans un terrier voisin.

12:39 AM  
Blogger Pierre said...

Oups, je relis je relis, Malesherbes est dans le nord-ouest. Ca change rien au sens, c'est vrai. Pointillisme nocturne.

12:42 AM  
Anonymous Anonyme said...

Contente de lire un de tes nouveaux billets...d'ailleurs permets-moi de te dire que si tu ne veux pas faire prof, tu peux toujours te recycler dans le journalisme, je pense sincèrement que tu ferais d'excellentes chroniques d'humeur ! même si cela ne m'étonne qu'à moitié, ça m'inquiète ce que tu dis sur ces groupes de "faceux" irrémédiablement clos...j'arrive à la sorbonne l'année prochaine en master 1 et ça m'inquiète déjà ! enfin si ça peut te rassurer là je suis à Ottawa en échange et je peux te dire que les Canadiens sont quand même plus persos que je ne le pensais ! enfin bon, rien ne sert de généraliser !
allez, au plaisir !

2:11 AM  
Blogger Pierre said...

Journaliste d'humeur? Dur! Qu'étudies tu à Ottawa? Comment ça se passe les cours?

12:30 AM  
Anonymous Anonyme said...

Je ne suis pas complètement d'accord non plus. Ca dépend des professeurs bien sûr. Et puis, au moins, quand tu bosses à la fac, tu as du temps à consacrer à la recherche et je pense que c'est la partie la plus intéressante du travail^^

Sinon, je suis très d'accord avec ta réponse à Anonyme : dur dur de s'intégrer quand on débarque en 3ème année, vraiment.

7:15 PM  
Anonymous Anonyme said...

En fait, après ma khâgne je me suis dit que je voulais apprendre l'anglais de manière autre que purement théorique...donc j'ai décidé d'aller "sur terrain anglophone"? Voilà ! donc je suis à l'université d'Ottawa, normalement j'aurais ma validation de licence 3 d'anglais: je suis des cours d'anglais donc mais aussi de journalisme puisque c'est ce vers quoi je veux m'orienter. Je t'avoue que la transition prépa-fac pour moi est très dépaysante ! je ne me plains pas au niveau du contenu des cours et des profs : ils sont si passionnants et surtout ils s'impliquent énormément pour nous faire progresser au mieux. Le seul hic, c'est le nombre d'heures hebdomadaires...seulement 15...c'est pas assez !!! Voilà, bonne continuation à toi dans ton double cursus !

7:18 PM  
Anonymous Anonyme said...

Les élèves banals semblent métamorphosés par la khâgne/hypokhâgne !

On a tout d'abord une peur bleue d'intégrer l'HK, on se laisse ensuite prendre au jeu et puis... on se tranforme en masochistes en quête perpetuelle de travail !

Et déjà en Hypokhâgne, on n'ose envisager aller en fac un jour...

Bon courage à toi =)

8:43 PM  

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